L’électrification des transports : un défi environnemental, énergétique et économique

Rédigé par Mareva Gobbini
Mis à jour le 27 juin 2025
Temps de lecture : 6 min
électrification des transports

Sommaire

Selon le Ministère des territoires et de l’écologie, le transport est le secteur le plus polluant devant l’industrie et l’agriculture et représente près de 34 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2023 (données 2024). Pour décarboner le secteur, les politiques publiques mettent en place diverses solutions de mobilité durable, avec comme axe prioritaire d’électrifier les transports. Cette mesure vise à remplacer le carburant à énergies fossiles des véhicules à moteur par un système de motorisation à électricité. Découvrez l’état des lieux, les freins et les perspectives du développement de l’électrification du secteur du transport en France.


Besoin d’électrifier votre flotte de véhicules ?


Pourquoi électrifier les transports ? Un secteur à bout de souffle avec les GES

À l’heure du réchauffement climatique mondial, la limitation des émissions de GES est une priorité pour les sociétés.

Saviez-vous que le secteur du transport en France joue un rôle majeur dans l’empreinte carbone de la France, puisqu’il participe à près de 34 % des émissions totales ? Or, le pays doit remplir des obligations de réduction de ses émissions de GES (et notamment du dioxyde de carbone ou CO2) de l’ordre de 50 % pour 2030 par rapport aux émissions de 1990.

Selon le rapport Secten de 2024, les émissions de GES liées au secteur du transport en 2023 en France représentaient près de 131 MteqCO2 (millions de tonnes d’équivalent CO2) sur 373 MteqCO2 d’émissions totales tous secteurs confondus (Énergie, transport, industrie, agriculture, tertiaire et résidentiel). C’est le seul secteur à avoir enregistré une hausse de ses émissions de l’ordre de +3 % (par rapport à 1990).

Dans ce contexte, l’urgence des politiques publiques en faveur du climat est de développer des solutions de mobilité durable pour répondre aux objectifs bas-carbone à l’horizon 2050 (Accord de Paris).

Parmi ces solutions, l’électrification des transports qui consiste à remplacer le carburant à énergies fossiles des véhicules à moteur par un carburant décarboné et non polluant : l’électricité.


Hellio Tertiaire, collectivités ou agriculteurs, des conseils sur la mobilité électrique ?


La transition énergétique des transports par l’électricité : une solution viable ?

Les avantages d’une mobilité électrique

L’électrification des flottes de véhicules privés et publics apporte de nombreux avantages, en termes de réduction des émissions de GES, de santé publique et d’enjeux énergétiques.

Rappelons que le transport routier est responsable à hauteur de 94 % des émissions de GES du secteur dont 54 % liés aux véhicules particuliers, 24 % liés aux poids lourds et 20 % liés aux véhicules utilitaires légers (Source). En 2023, elles étaient de 119 MteqCO2 (Source Secten).

D’autres sous-secteurs du transport peuvent aussi être concernés par cette électrification tels que :

  • le transport aérien domestique (4,5 MteqCO2) ;
  • le transport maritime domestique (1,6 MteqCO2) ;
  • le transport ferroviaire (0,4 MteqCO2).

Avec des véhicules électriques, le potentiel de réduction des émissions de GES est intéressant, puisque leur utilisation a un impact carbone quasi-nul en comparaison des véhicules thermiques. Les émissions de CO2 d’un véhicule électrique sont 2 à 6 fois inférieures à celles d’un véhicule thermique (source).

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Selon RTE, l’utilisation de véhicules électriques légers a permis d’éviter l’émission de 4 MtCO2eq depuis 2013, dont plus d’un quart (1 million de tonnes d'équivalent-CO2) sur la seule année 2023.

Notons toutefois que leur potentiel de décarbonation est étroitement lié à la propreté du « carburant » électrique utilisé. Or, le mix électrique français repose à 95 % sur une production bas-carbone issue principalement du nucléaire et des énergies renouvelables (éolien, hydraulique, solaire et biomasse). En comparaison, l’impact carbone est plus élevé dans d’autres pays où la source de production de l’électricité est majoritairement d’origine fossile (ex. L’utilisation majoritaire du charbon dans le mix électrique de la Chine ou de l’Inde).

D’autre part, outre les considérations environnementales, le secteur du transport avec moteur thermique est aussi responsable de pollutions sonores et atmosphériques avec un impact sanitaire (affections respiratoires, problèmes auditifs) sur la population en général. Le développement d’une mobilité décarbonée permet d’améliorer le confort de vie en ville. Chez les professionnels, l’utilisation de poids-lourds électriques silencieux est un atout dans des zones urbaines ou lors d’une conduite de nuit.

Enfin, le développement d’un système de transport électrifié à l’échelle d’un pays est une opportunité de sortir des énergies fossiles et de réduire la dépendance énergétique envers d’autres pays.

Les solutions parallèles à l’électrification des transports

Le développement du transport électrifié n’est pas la seule solution mise en pratique pour décarboner le secteur. Les politiques publiques misent également sur des solutions parallèles ou alternatives :

  • l’adoption d’une mobilité douce avec la pratique de moyens de transport alternatif (transport en commun, déplacement à pied, train, vélo ou trottinette, etc.), du covoiturage ou de l’autopartage ;
  • le développement de biocarburants (bioéthanol, biodiesel) ;
  • l’amélioration de la performance énergétique des véhicules thermiques (réduction du poids, optimisation des moteurs) ;
  • le développement du transport intermodal pour le fret de marchandises (mix de plusieurs voies de transport lors d’un trajet : ferroviaire, routier, maritime/fluvial) ;
  • la pratique du télétravail pour réduire les trajets domicile-travail.

Besoin de financement pour électrifier un parc de véhicules ?


L’électromobilité du transport public et privé en France

Parcs de véhicules et obligations

2035 est l’année de fin de mise en circulation des véhicules à moteur thermique.

Annoncée en 2022, cette interdiction de l’Union Européenne doit donner un coup d’accélérateur aux modes de transport décarbonés.

A fin 2024, le secteur des voitures électriques et hybrides comptait près de 1,7 millions de véhicules en circulation chez les particuliers et les entreprises. Ce parc électrifié représente seulement 2 % du parc automobile total, dominé à 91 % par le moteur thermique. Selon les projections d’Enedis, le secteur pourrait exploser pour grimper à 17 millions en 2035 et près de 35 millions de véhicules rechargeables en 2050.

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Les VTFE désignent des véhicules alimentés avec une source d’énergie électrique ou hydrogène tels que les véhicules 100 % électriques ou hybrides rechargeables. Les VFE désignent les véhicules à alimentation électrique et hybrides non-rechargeables, gaz naturel liquéfié (GNL), biocarburant.

Du côté des collectivités, les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs législations pour verdir le parc des véhicules publics. Dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités (LOM) renforcée par la loi climat et résilience du 20 juillet 2021 (Ministère transition écologique), les parcs de plus de 20 véhicules (véhicules légers, poids lourds, autobus et autocars) doivent être renouvelés a minima à 50 % par des véhicules à faibles émissions (VFE) et de véhicules à très faibles émissions (VTFE).

Chez les professionnels, l’électrification de la flotte automobile est aussi une obligation à partir d’un parc de plus de 100 véhicules automobiles. Le renouvellement doit être a minima de 20 % avec des VFE, de 40 % à partir de 2027 et 70 % à partir de 2030. Selon une récente étude de Transport & Environnement de 2023, 60 % des entreprises soumises aux quotas d’électrification de leurs moyens de transport ne respectent pas leur obligation.

Etat des lieux des bornes de recharge

L’électrification du transport doit aussi s’appuyer sur plusieurs paramètres clés à son essor dont un réseau d’infrastructures de points de recharge. Disponible à domicile, en entreprise ou ouverte au public (parking, supermarchés, commerces), un bon maillage de bornes de recharge dans l’hexagone est indispensable pour répondre aux besoins énergétiques des consommateurs.

Selon Enedis, le nombre de bornes de recharge était de 2 348 496 à fin 2024 (1 297 922 chez les particuliers, 895 880 dans les entreprises et 154 694 ouvertes au public). Les pouvoirs publics projettent un réseau de plus de 400 000 points de recharge ouverts au public en 2030.

D’autre part, le réseau autoroutier est un point majeur du développement d’un transport électrifié à grande échelle, surtout pour une entreprise qui souhaite renouveler sa flotte par des camions électriques ou des bus électriques. Sur ce point, Enedis annonce que 87 % des autoroutes disposent a minima d’une borne de recharge à haute puissance (≥150kW) à fin 2023. Concrètement, cela représente en moyenne près de 3 000 points de recharge répartis sur 360 aires d’autoroutes.


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Les limites au développement de l’électrification des transports

Plusieurs freins limitent une définition stratégique dans la transition énergétique du transport.

Le coût d’achat d’un VE (utilitaire ou camion électrique) représente un investissement élevé pour une entreprise. Néanmoins, le coût d’utilisation (maintenance et carburant) est 25 % moins cher au km par rapport à un véhicule à moteur diesel (Transports et environnement). Chez les particuliers, l’aspect économique peut aussi être un frein à l’électrification du parc de véhicules personnels. Et ce, malgré les différentes aides à la mobilité électrique (point suivant de l’article). Notons aussi que le coût d’implantation des bornes de recharge (entre 2 000 € et 50 000 € en moyenne par unité en fonction de la puissance et du modèle) peut représenter une charge d’exploitation trop importante pour une entreprise.

L’autonomie des batteries des VE peut aussi être une barrière, même si les technologies ont fait des progrès en la matière. L’autonomie moyenne d’une batterie de VE est actuellement de 350 km à l’usage et peut atteindre 500 km selon la marque du véhicule. Avec les avancées technologiques, les perspectives annoncées sont de 1000 km d’autonomie. L’amélioration doit aussi porter sur le temps de charge et leur durée de vie (6 à 10 ans en moyenne selon Engie).

Enfin, les ressources disponibles tels que les métaux rares ou critiques (cobalt, lithium, platine ou manganèse) nécessaires à la construction des semi-conducteurs et des batteries des VE ne sont pas illimitées. D’autre part, les batteries posent une problématique en matière de recyclage (obligation a minima à 50 %).


Le financement de l’électrification des transports

Il existe plusieurs politiques de soutien à la mobilité électrique en France. Les particuliers, entreprises et collectivités peuvent compter sur un ensemble d’aides pour la conversion de leur flotte vers des véhicules à batteries électriques.

  • Les nouvelles primes CEE (certificats d’économie d’énergie) pour l’achat, la location ou le rétrofit d’un véhicule électrique léger, véhicule électrique utilitaire léger (VUL). D’un montant variable entre 300 et 4 500 € en moyenne, ces aides privées sont à destination des particuliers et des personnes morales (fiches d’opérations standardisées TRA-EQ-114 et TRA-EQ-117) ;
  • Le dispositif E-trans finançable via les CEE (Ademe) à destination des PME qui permet de décarboner le secteur des poids-lourds via l’achat de véhicules lourds électriques à batterie (fiche d’opération standardisée TRA-EQ-129);
  • En complément, le programme CEE Advenir qui permet aux PME de financer l’implantation de bornes de recharge pour les camions électriques ;
  • Le bonus écologique d’un montant maximal de 4 000 € pour aider les particuliers à acheter un VE ou à hydrogène neuf ;
  • La prime au retrofit jusqu’à 5 000 € pour une voiture et jusqu' à 9 000 € pour une camionnette. Le rétrofit consiste à changer la motorisation d’un véhicule thermique en une motorisation électrique.

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Cet article a été rédigé par Mareva Gobbini,

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