La décarbonation des mobilités au sein des collectivités est un levier majeur pour atteindre les objectifs climatiques en France. Parmi les solutions envisageables, les communes peuvent faire le choix d’investir dans des autobus électriques. Comment électrifier sa flotte de bus pour une collectivité ? Quelles sont les offres de financement possibles ? Décryptage.
Pourquoi électrifier sa flotte de bus pour une collectivité ?
L’électrification du secteur des transports, et en particulier du réseau de bus, présente un double avantage pour une collectivité : se mettre en conformité avec la réglementation, tout en améliorant la qualité de vie de la population.
Le respect de la réglementation environnementale
Le secteur des transports est responsable de 34 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, ce qui en fait le plus grand contributeur sur le territoire (source : statistitiques.gouv). Pour une collectivité, faire le choix d’investir dans une flotte de bus électrique est donc une action forte en faveur de la transition énergétique des transports.
La loi d’orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019 fixe des obligations à l’égard des collectivités pour l’acquisition de véhicules (notamment les autobus) à faibles émissions (VFE) ou à très faibles émissions (VTFE) lors du renouvellement de leur flotte.
Ainsi, pour les collectivités territoriales, depuis 2025, la totalité des autobus ou autocars renouvelés doit être à faibles émissions.
un poids lourd (> 3,5 tonnes) est considéré comme “à faibles émissions” s’il est alimenté en tout ou partie par des sources d’énergie autres que l’essence et le diesel : électrique, hydrogène, gaz naturel, GPL, etc. (source : flotauto).
Cette évolution réglementaire conduit au développement de technologies alternatives dans les transports : moteurs électriques, hybrides, hybrides rechargeables et GNV (gaz naturel pour véhicules). Dans cet article, nous évoquons spécifiquement le cas des bus électriques.
Un gain financier pour la collectivité
L’électrification des transports de son parc de véhicules représente un coût d’investissement non négligeable pour la collectivité, notamment en raison du prix élevé des batteries.
Mais selon une étude réalisée par le commissariat général au développement durable, « depuis 2020, les coûts d’usage du bus électrique s’avèrent plus bas que ceux d’un véhicule thermique » en zone très dense. L’étude détaille que les économies sont réalisées à la fois sur l’entretien de la flotte de bus, mais également sur le prix de l’assurance, et sur le prix de l’énergie, en raison du différentiel de coût du carburant fossile par rapport à l’électricité.
L’amélioration de la qualité de vie des usagers
Le recours aux bus électriques permet aussi de réduire les nuisances sonores puisque ces véhicules sont bien moins bruyants que les bus thermiques. En effet, le bus électrique est considéré comme ne générant pas de nuisances sonores lorsqu’il circule à moins de 30 km/h, ce qui est souvent le cas en zone urbaine (source : cette étude).
C’est un point important puisque selon une étude, plus de la moitié des Français considère le bruit des transports comme la première source de nuisances sonores (Source : écologie.gouv).
Par ailleurs, le remplacement des bus thermiques par des modèles électriques permet de préserver la santé des populations grâce à la baisse des émissions de CO2 générées par le trafic routier, en particulier en zone urbaine où le trafic est dense.
L’impact environnemental du bus électrique doit être évalué sur l’ensemble de son cycle de vie et prendre en compte les émissions de polluants et de CO2 lors de la phase de production de l’énergie électrique et de fabrication de la batterie.
Quelles solutions pour bénéficier d’un parc de bus électriques pour une commune ?
Une commune qui souhaite investir dans des bus électriques dispose de trois solutions :
- L’achat de bus électriques, l’option classique d’investissement ;
- La location de bus électriques, moins coûteuse que l’achat au moins à court terme ;
- Le rétrofit électrique de son parc d’autobus existant, permettant de ne pas mettre au rebut les bus thermiques.
L’opération consiste à transformer un véhicule thermique en moyen de transport électrique. Pour cela, le réservoir d’essence et le moteur thermique du bus sont remplacés par un moteur électrique ainsi qu’une batterie.
Comment mettre en place un système de recharge des bus électriques ?
En complément de l’investissement lié aux bus électriques, la collectivité doit mettre en place une infrastructure de recharge.
Selon l’étude du commissariat général au développement durable précitée, le coût d’une telle installation destinée aux autobus ou autocar est évalué à hauteur de 40 000 € par borne de recharge.
La recharge du bus électrique peut se faire au dépôt, pendant la phase d’inactivité du bus, c’est-à-dire essentiellement la nuit. Cela permet une recharge complète afin que le bus puisse démarrer sa tournée le lendemain avec une batterie entièrement chargée.
Il est aussi possible d’envisager un système de charge en bout de ligne. Le bus est alors rechargé pendant quelques minutes lorsqu’il arrive au terminus de la ligne.
Enfin, pour les autobus équipés d’un pantographe, c’est-à-dire d’un bras articulé placé au-dessus du bus et permettant de capter le courant produit par frottement sur un caténaire,la charge peut se faire pendant la période d’utilisation du véhicule.
Comment financer l’achat de bus électriques pour une collectivité ?
En 2025, le prix d’un bus électrique à batterie varie entre 450 000 et 600 000 €. Des aides existent pour soutenir les collectivités en faveur de la décarbonation des transports.
Dans le cadre du dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE), il est possible de bénéficier d’une prime pour l’achat, la location ou le rétrofit électrique des autocars ou autobus électriques.
Pour la location, le contrat doit être de 60 mois minimum afin d’être éligible.
La collectivité doit réaliser l’opération (achat, location ou opération de rétrofit) avant le 1er janvier 2030.
Le montant versé dépend de plusieurs conditions : l’année de l’opération, la taille de l’agglomération et la catégorie du véhicule. Il peut aller de 20 000 à 85 600 € par autobus.
Il existe aussi un dispositif mis en place par la Banque des Territoires pour aider les collectivités territoriales à acquérir un véhicule à motorisation décarboné. L’achat d’un bus électrique est éligible.