Le 15 décembre 2021, la dernière loi de finances de la mandature pour l’année 2022 a été définitivement adoptée par l’Assemblée nationale. Rejetée au préalable par le Sénat, peu de modifications substantielles ont été apportées depuis la première lecture. Malgré la possible saisine du Conseil Constitutionnel par les groupes d’opposition, elle devrait très probablement être promulguée d’ici le 28 décembre. Pour rappel, la loi de finances détermine pour l’année civile à venir, soit pour 2022, la nature, le montant et l’affectation des ressources (impôts et taxes)1 et des charges publiques. Alors que la rénovation énergétique s’est transformée ces cinq dernières années et a été désignée comme stratégique par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire, Hellio, acteur de référence de la maîtrise de l’énergie, analyse les éléments phares du budget 2022 pour le secteur.
L’accès à MaPrimeRénov’ pérennisé en 2022 et l’Anah confortée dans ses missions pour les particuliers
Dans le cadre du Plan de relance, le programme Ecologie” de la loi de finances contribue à la transition écologique, et par ricochet à la rénovation énergétique des bâtiments aussi bien privés que publics, tertiaires et sociaux. La pérennisation des fonds alloués à MaPrimeRénov’ distribuée par l’Agence Nationale de l’Habitat (Anah) est confirmée à hauteur de 1,7 milliard d’euros complétés par 300 millions d’euros issus du Plan de relance, soit 2 milliards d’euros au total.
Compte tenu de ces nouvelles missions, le plafond d’emplois de l’Anah a été porté en 2021 à 174 emplois temps plein et sera rehaussé à 207 en 2022.
En effet, en parallèle de la loi de finances, rappelons que le Gouvernement prévoit de :
- Fusionner les aides MaPrimeRénov’ et Habiter Mieux Sérénité au 1er janvier 2022, permettant un meilleur financement de la rénovation globale pour les ménages précaires. Les modalités exactes d’instruction de cette aide fusionnée restent encore imprécises à ce jour.
- Lancer au 1er janvier 2022 un guichet unique appelé FranceRénov’ pour traiter les demandes relatives aux rénovations énergétiques des bâtiments. Ce nouveau service intégrera les conseillers et guichets FAIRE pilotés par l’ADEME et ceux de l’Anah pour simplifier l'accès à l'information et au conseil pour engager des travaux.
L’augmentation du plafond du dispositif Éco-prêt à taux zéro
Le député Anthony Cellier a vu son amendement adopté au sujet du dispositif de l’Éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ). Pour rappel, celui-ci prévoit un crédit d’impôt au bénéfice des établissements de crédit et sociétés de financement au titre des prêts à taux zéro que ces organismes consentent à des particuliers ou des copropriétés en vue de financer des travaux de rénovation énergétique des logements.
Ainsi, la loi de finances 2022 permet notamment pour encourager les rénovations globales des logements plus coûteuses :
- Un rehaussement du plafond de l’Éco-PTZ “performance énergétique globale” à 50 000 € (jusqu’ici de 30 000€) ;
- D’augmenter corrélativement la durée possible de son remboursement à 20 ans (jusqu’ici à 15 ans) ;
- De simplifier la constitution des dossiers d’Éco-PTZ (pour les bénéficiaires) et leur instruction (pour les établissements de crédits) dans le cas d’un cumul de l’éco-PTZ avec le dispositif MaPrimeRénov’ (MPR), afin de faciliter la mobilisation combinée des deux dispositifs.
Fin du crédit d’impôt pour la rénovation énergétique des bâtiments des TPE/PME
Le Projet de loi de finances pour 2021 avait mis en place, dans le cadre du Plan de relance, un crédit d’impôt à destination des TPE/PME pour les inciter à engager des travaux de rénovation énergétique de leurs locaux. Ce dispositif, budgété par le gouvernement à hauteur de 105 millions d’euros pour l’année 2021, n’était prévu que pour une année.
La proposition de proroger ce dispositif pour deux ans a été rejetée par les députés.
Hausse des prix des énergies : des crédits supplémentaires pour le chèque énergie, précision sur le bouclier tarifaire
La hausse des prix de l’énergie, et notamment du gaz, depuis le début de l’année 2021 a poussé le gouvernement, dès le mois de septembre, à annoncer des mesures à destination des ménages qui pourraient être fortement impactés avec l’arrivée de l’hiver.
En 2021, environ 5,8 millions de ménages ont bénéficié du chèque énergie. Les crédits prévus en 2022 comprennent près d'un milliard d'euros. Ces enveloppes se fondent sur une hypothèse d’augmentation du nombre de bénéficiaires à 6,2 millions (auxquels s’ajoutent 70 000 bénéficiaires en résidences sociales) au vu des conséquences possibles de la crise sanitaire sur le revenu.
Par ailleurs, un amendement du Gouvernement adopté le 10 décembre vient préciser la mise en œuvre du "bouclier tarifaire pour l’électricité", face à la forte hausse du prix des énergies au niveau mondial, complétant ainsi l’accompagnement prévu pour les fournisseurs de gaz. Il permet au Gouvernement de fixer, exceptionnellement au cours de l’année 2022, un niveau de tarifs réglementés inférieur à celui résultant de l’article L.337-6 du code de l’énergie.
Un budget maintenu pour assurer des contrôles sur les chantiers financés par des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE)
Pour rappel, une ligne budgétaire finance le dispositif de contrôle des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), renforcé à la suite de la publication du rapport annuel de la cellule Tracfin de septembre 2017.
Elle est maintenue pour 2022 à hauteur de 7,1 millions d'euros.
1 http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3360_projet-loi