L’article 301 de la loi Climat et Résilience adoptée en août 2021 prévoit la mise en place d’une feuille de route visant la décarbonation pour les secteurs les plus émetteurs en France, dont celui du bâtiment. L’objectif est de réduire les émissions de carbone sur le cycle de vie entier du bâtiment. De quoi s’agit-il et quelles sont les solutions concrètes applicables pour y parvenir ? Hellio fait le point sur le sujet.
Pour vos travaux de rénovation énergétique
Qu’est-ce que la décarbonation des bâtiments ?
Il convient d’évoquer les raisons justifiant la nécessité de décarboner le secteur du bâtiment, avant d’expliquer les principes de ce processus.
Les raisons de la décarbonation nécessaire du secteur immobilier
43 % des consommations énergétiques annuelles en France et 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont imputables au secteur du bâtiment. (Source : ministère de la Transition écologique)
L’impact des bâtiments sur l’environnement a lieu tout au long de son cycle de vie. Dès la construction, les matériaux utilisés sont source de pollution. Ensuite, tout au long de l’utilisation du bâtiment et jusqu’à son éventuelle destruction, des consommations d’énergie et l’émission de GES sont préjudiciables à l’environnement.
Or, conformément à ses engagements européens, la France s’est donné pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Et cela passe par la décarbonation des bâtiments.
LE CHIFFRE HELLIO : 47 %
Les secteurs tertiaire et résidentiel représentent près de la moitié de la consommation énergétique finale en France en 2021 : respectivement 492 et 261 TWh (térawattheures), pour un total de 1 618 (source : chiffres clés de l'énergie).
À noter que les autres secteurs ont tout autant besoin d'être décarbonés, au vu de leur dépendance aux énergies fossiles : l'industrie, les transports et l'agriculture.
Les principes de la décarbonation du bâtiment
On entend par décarbonation le fait de réduire l’empreinte carbone d’un bâtiment, d’un secteur ou d’un procédé, tout au long du cycle de vie. Cela passe par des mesures qui visent — entre autres — à réduire la consommation d’énergie mais aussi à limiter l’exploitation des ressources, à se tourner vers des matériaux plus durables, à opter pour des énergies décarbonées… afin de réduire les émissions de GES.
Tous les bâtiments sont concernés, quelle que soit leur date de construction. La décarbonation peut intervenir aussi bien au stade de la construction, mais également au cours de son utilisation ou à l’occasion de travaux de rénovation.
Selon le Haut Conseil pour le climat, pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), il faudrait passer de 70 000 rénovations globales effectuées par an entre 2012 et 2018 à 700 000 à partir de 2030.
En 2022, des groupes de travail ont été mis en place par thématiques dans le but de formuler des propositions de solution pour décarboner le secteur. On parle de la feuille de route sur la décarbonation des bâtiments. Les groupes se répartissent de la façon suivante :
- Composants des ouvrages ;
- Construction neuve ;
- Rénovation du parc existant ;
- Exploitation et usage du bâtiment dans son environnement.
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Quelles sont les solutions pour décarboner les bâtiments ?
À tous les stades du cycle de vie du bâtiment, il existe des moyens de décarbonation. Lors d’une réunion du 24 mai 2023, dans le cadre de la feuille de route précitée, les représentants du secteur ont présenté à l’exécutif un panel de propositions.
Les solutions de décarbonation dans la phase de construction
L’acte de construire représente 26 % de l’empreinte carbone de la chaîne de valeur du bâtiment. (Source : feuille de route du secteur)
Pour réduire sonimpact environnemental, la filière a proposé de généraliser les Analyses de Cycle de Vie (ACV) des bâtiments et de l’ensemble de leurs composants. Cela permettrait de donner une information objective sur l’impact de l’immeuble et de ses matériaux, dès sa phase de conception.
Il est également envisagé d’avoir davantage recours à des composants bas-carbone, biosourcés, géosourcés, mais également des matériaux issus du réemploi.
Aujourd’hui, selon la filière, les composants bas-carbone sont peu utilisés en raison du surcoût qu’ils représentent et du fait qu’ils sont peu connus des professionnels. Il est donc nécessaire de travailler à ce niveau-là pour faire évoluer la situation.
Il s’agit aussi de faire appel à des ressources locales, lors de la construction de l’ouvrage pour éviter d’alourdir le bilan carbone du chantier avec des émissions liées au transport.
L’INFO HELLIO :
En 2025, un immeuble sans climatisation ni chauffage devrait occuper le quartier de la Confluence à Lyon. Il devrait garantir à ses occupants de profiter d’une température maximale de 26 °C en été sans descendre en dessous de 22 °C l’hiver.
Afin de limiter l’empreinte carbone des bâtiments, il est aussi important d’optimiser la durabilité et le recyclage de ses composants. Avec une vision à long terme de l’utilisation du bâtiment, les démolitions prématurées et les émissions de GES correspondantes pourraient ainsi être évitées.
La végétalisation des bâtiments peut aussi être envisagée au moment de la conception, avec des toitures végétalisées par exemple. C’est un bon moyen de rafraîchir l’intérieur.
Enfin, la réglementation peut également être un outil pour lutter contre les émissions de GES. C’est le cas de la norme RE 2020 (Réglementation Environnementale) qui pose des exigences plus strictes au secteur de la construction en matière de performance énergétique des bâtiments.
À découvrir : La Méthode ACT (Assessing low-Carbon Transition).
Qu’est-ce que le design énergétique ?
La notion de design énergétique a toute sa place au niveau de la phase de construction du bâtiment. Élaborée par un ancien ingénieur aéronautique, Pascal Lenormand, le concept vise à améliorer les performances énergétiques d’un bâtiment, en adoptant une posture globale consistant à prendre en compte non seulement les caractéristiques du bâti mais également ses interactions avec l’humain.
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Les solutions de décarbonation adaptées à la rénovation immobilière
L’ASTUCE HELLIO :
Des dispositifs de soutien existent pour accompagner les professionnels dans leur décarbonation et leurs travaux de rénovation : Certificats d’économies d’énergie, Fonds Chaleur de l’Ademe, crédit d’impôt, aide Tremplin pour la transition écologique des PME, etc.
La rénovation des bâtiments est une étape indispensable pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. L’amélioration du bâtiment peut passer par plusieurs types de travaux :
- Isolation thermique de l’enveloppe (toiture, murs, planchers, parois vitrées) et calorifugeage des tuyaux de chauffage ;
- Installation d’équipements plus performants et plus économes pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et la ventilation ;
- Pose de dispositifs de production d’énergies renouvelables (exemple : panneaux photovoltaïques).
Au cours d’un projet de rénovation, il peut être envisagé également de surélever le bâtiment afin d’éviter d’artificialiser davantage de terrain. Cette idée est d’ailleurs cohérente avec l’objectif « zéro artificialisation nette » des sols prévu par le Plan Biodiversité d’ici à 2050.
Les solutions pour décarboner durant l’occupation des bâtiments
Tout au long de l’utilisation du bâtiment, il est possible de mettre en place des dispositifs permettant de limiter les émissions de GES.
Évidemment, les performances énergétiques intrinsèques au bâtiment et la qualité de ses équipements vont jouer un rôle dans l’utilisation vertueuse des lieux.
Ensuite, l’adoption des écogestes et la volonté de suivre une sobriété dans les usages de la part des occupants du site sont essentielles pour parvenir à réduire les consommations d’énergie au strict nécessaire. Exemple : réduction de la consigne de chauffage, utilisation raisonnée de l’éclairage, sobriété numérique…
Pour permettre de limiter à l’essentiel les consommations d’énergie, l’installation d’un système de gestion technique du bâtiment (GTB) est un bon outil. Il permet de piloter de façon centralisée l’ensemble des postes électriques du bâtiment (chauffage, ventilation, éclairage, etc.).
À lire aussi : Les heures décarbonées pour consommer une énergie plus verte.
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